Paul Robin a vécu le passage du 19ème au 20ème siècle. C’était un pharmacien très connu à Tournus, érudit, s’intéressant beaucoup à la vie de sa ville. Il fut longtemps un président estimé du Syndicat d’Initiative.
Voici ce qu’il écrivait en 1963, faisant référence au début du siècle :
D’abord, la vie de la Saône était beaucoup plus intense que maintenant. Un service régulier était assuré, trois fois par semaine, par un bateau à « aube » , le «Parisien ». Il assurait le transport des marchandises et des voyageurs. Son point d’attache était un hangar flottant, le « Ponton », où s’effectuaient l’embarquement des voyageurs, le chargement des marchandises, et qui servait également d’entrepôt.
Les chemins de fer n’ avaient pas encore atteint le développement et la régularité que nous leur connaissons et la voie d’eau était très utilisée pour les transports pondéraux. On voyait des trains de bois descendre la rivière dirigés par deux hommes qui les manoeuvraient avec de longues perches. De nombreuses péniches montaient et descendaient la rivière, halées, les unes par les chevaux ou des mulets, les autres par des hommes. Les mariniers s’arrêtaient à la « Pêcherie » au milieu des pêcheurs. Ils y retrouvaient la communauté des gens unis par une vie entièrement consacrée à la rivière et à ses ressources : communauté entièrement fermée au reste de la population.
L’activité de la batellerie amenait un grand mouvement dans le Port de Tournus dont le tonnage dépassait celui d’Ajaccio. C’était le port de la Bresse Louhannaise. Là se déchargeaient les grains destinés à l’élevage de la volaille, les matériaux de
construction, le charbon, les engrais. La féculerie y recevait le manioc destiné à entretenir son activité entre les campagnes de pommes de terre.
La manutention des marchandises se faisait naturellement à dos d’hommes. Des passerelles de planches, supportées par des tréteaux, servaient de passerelle pour le trajet aller et retour des débardeurs, fléchissant sous de lourdes charges.
Deux bateaux lavoirs, les « Plattes », encadraient le ponton du Parisien. Les lavandières, au verbe haut, commentaient à longueur de journée les grands évènements de la chronique locale. Le mouvement qui
s’ organisait autour de ces lavoirs flottants était une cause supplémentaire d ‘ animation.
Les cafés des quais étaient les plus fréquentés de la ville. Tous possédaient une tonnelle ombragée et bien fleurie où l’on venait déguster, selon les goûts, le Beaujolais ou le Viré, auxquels on ajoutait fréquemment une friture.
Retrouvez les témoignages de Madame Talmard.
sur les 3 photos ci–dessous, le papa de Mme Talmard est le 3ème en partant de la droite.