chef d’oeuvre de l’art roman
un peu d’histoire
ce texte a été publié en 2019 par la ville de Tournus à l’occasion du Millénaire.
des photos exceptionnelles
clocher avec des tuiles vernissées
travaux au clocher Nord ouest 1885
visite guidée de l’abbatiale – textes de Janine Delahaye
Ces commentaires accompagnent le film sur l’Abbatiale Saint Philibert réalisé en novembre 2019
le site
Installée sur un plateau rocheux qui domine la Saône et qui se déploie en éventail vers l’Ouest, le site de Tournus bénéficie depuis toujours d’un emplacement exceptionnel, favorable aux échanges et naturellement protégé.C’est dans cette ancienne villa romaine que les premiers chrétiens construisent, dans les premiers siècles de notre ère, le sanctuaire dédié à Saint- Valérien, martyr chrétien du 2 ème siècle.
Aujourd’hui, l’abbaye Saint-Philibert s’y déploie somptueusement, offrant à l’admiration son plan en croix latine : l’étagement des toitures permet de distinguer clairement la longue nef flanquée de ses collatéraux et précédée de l’avant-nef, les transepts, l’harmonieux étagement du chevet couronné de chapelles rayonnantes greffées sur le déambulatoire qui entoure l’abside. L’ensemble est dominé par les deux tours, celle de la façade et celle de la croisée des transepts, qui s’élancent vers le ciel. Le cloître adossé au mur sud confirme la vocation monastique de l’édifice.Tout autour, les bâtiments actuels dessinent l’enceinte fortifiée qui protégeait le monastère. La faible surface de l’ensemble s’apparente plus à une citadelle qu’à un ensemble monastique.
l’édifice
L’édifice qui s’offre à nos regards aujourd’hui est, à quelques détails près dus aux « restaurations » des siècles derniers, celui qui a été construit au XIè siècle sous l’abbatiat de l’abbé Bernier, après l’incendie de 1007 qui ravagea l’église précédente. Il a été dès lors consacré définitivement à Saint-Philibert.
Rare monument du 1er art roman qui nous soit parvenu quasi intact, l’église Saint-Philibert est une source inépuisable de recherches et d’observations pour les archéologues.
On découvre la façade après avoir franchi la porte principale de l’enceinte encore matérialisée aujourd’hui par les deux grosses tours qui en défendaient l’accès à l’ouest. Cette façade se dresse, dans son austérité, tel un mur de forteresse et elle est constituée d’un portail flanqué de deux tours de plan rectangulaire.
Cet aspect défensif est adouci par un décor sobre et strictement architectural : d’une part, l’appareillage de petites pierres irrégulières est par endroit rompu par des lits de pierres de taille, blanches. D’autre part, Sur 2 étages correspondants à l’avant-nef et à l’église haute, la façade est ornée d’arcatures reposant sur des pilastres à peine saillants, appelés « bandes lombardes » d’influence italo-rhénane. Au niveau de l’église haute, des meurtrières dont l’une en forme de croix affirment son rôle défensif, comme le mâchicoulis qui réunit les deux tours est qui postérieur à sa construction
Le portail qui donne accès au sanctuaire est surmonté d’un tympan en plein cintre, dépourvu de sculptures, qui repose sur des piedroits nus. Le tout s’inscrit dans un porche en légère avancée, installée au 19ème siècle dans un style « antique inspiré du 17ème siècle».
Les tours
Au-dessus des bandes lombardes qui ornent les 4 côtés de la tour sud dans la continuité de celles de la façade, une frise d ‘engrenages et de dents de scie souligne la base des tours de plan rectangulaire. Celle du sud, d’origine, est à un seul étage, percé de baies en plein cintre dont l’archivolte retombe sur des colonnettes. Elles sont au nombre de 2 à l’ouest et à l’est de 3 au sud et au nord. Elle est coiffée d’un toit en bâtière
Reprise au début du 12ème siècle, la tour nord s’élève sur 3 étages et procède d’une recherche de légèreté au fur et à mesure de son élévation : une frise d’arcatures aveugles porte une corniche qui soutient un étage de 4 fenêtres géminées en plein cintre sur chaque face ; les fenêtres géminées sont séparées par 3 pilastres cannelés qui font office de contreforts ; Ils soutiennent la corniche du dernier étage.
Percé de 3 larges baies par face, cet étage offre plus de vides que de pleins et participe de cet allègement recherché afin d’exprimer l’élan vers le ciel. Les angles de ces 2 étages sont occupés d’une part par des colonnes torses ou tressées ou par des ébauches de statues colonnes. Entre les ouvertures du 3ème étage, accolées à des colonnettes à chapiteaux sculptés, se trouvent les statues des saints : Valérien et Philibert. Ces statues, déposées lors de la restauration du clocher entre 1983 et 1987 sont exposées dans le scriptorium. Une toiture en pyramide effilée à 4 pans, recouverte de tuiles, coiffe l’ensemble
le mur sud,
de l’avant nef au transept, est comme la façade, construit en pierre de petit appareil, taillées au marteau, de couleur ocre-rose. Au niveau de l’avant-nef, les fenêtres correspondant à la chapelle haute, sont soulignées de bandes lombardes, dans la continuité de celles qui ornent les tours de la façade. Une double frise de dents de scie et d’engrenage, dans le prolongement de celle qui souligne la base de la tour, court sous la corniche à modillons qui soutient la toiture.
Au massif occidental percé de fenêtre uniquement en hauteur, succèdent, par un léger décrochement de toiture, la nef et le collatéral sud sur lequel s’appuient les contreforts semi-cylindriques du cloître. La nef est percée de 5 fenêtres hautes, rythmées par des contreforts plats. Le collatéral est également percé de fenêtres ce qui laisse supposer, dès l’extérieur, une grande luminosité dans la nef.
Le mur nord
A subi des transformations essentiellement aux 14 et 15è siècles. Il a été démoli afin de permettre la construction de 3 chapelles saillantes à l’extérieur, soutenues par des contreforts et éclairées chacune par 1 fenêtre en ogive.
L’entrée dans le bras nord du transept se fait également par une ouverture en ogive surmontée d’une grande fenêtre. A l’austérité décorative de l’édifice du 11ème siècle succède la floraison décorative de la fin de l’âge gothique : les archivoltes de la porte en forme de boudin reposent sur des bases composées de 2 tores superposés et aplatis. ; Les piedroits, surmontés d’un corbeau représentant une tête humaine, soutiennent un tympan nu.
La fenêtre est typique du style du gothique finissant du 14ème siècle. Elle est formée de 2 lancettes et d’une rosace elles-mêmes subdivisée en 2 lancettes et une rose d’une grande élégance.
Le chevet
Par rapport à l’ampleur de la nef, le chevet semble modeste dans ses proportions, bien que présentant un développement complet : au-delà de la croisée des transepts portant chacun une chapelle orientée, la nef se termine par une abside semi-circulaire, ceinturée d’un déambulatoire cantonné de 3 chapelles rayonnantes à fond plat, sans doute d’influence auvergnate. L’ensemble reprend exactement le plan de la crypte dont les fenêtres sont apparentes en raison de la déclivité du terrain.
L’appareil des chapelles et du déambulatoire est de petits moellons, comme le reste de l’édifice. Il laisse apparaître par endroit la technique de construction assez archaïque en arêtes de poisson ; les toitures à 2 pentes sont soutenues par une corniche que portent des corbeaux.
La toiture du déambulatoire est soutenue par une corniche à modillons sculptés en engrenage.
A la pierre ocre-rose se substitue un calcaire blanc de pierres taillées. Un décor d’arcatures qui anime le muret soutient la corniche sous laquelle court une frise de damiers polychromes rouges et blancs..
le clocher Est
Comme la tour nord de la façade dont elle adopte le plan carré, la tour de la croisée s’élève selon un parti pris de recherche d’élégance et d’allègement dans son élan vers le ciel :
à un premier étage, massif, portant un décor d’arcatures profondes, empruntées au décor de l’abside, succèdent 2 étages percés chacun de 3 baies qui présentent un décor complexe de jeux d’ombre et de lumière très recherchés, qui animent cette partie haute de la tour et contribuent à la recherche de légèreté : pilastres cannelés, colonnettes, chapiteaux sculptés, polychromies constituent un crescendo décoratif unique dans cet édifice.

Enfin, la toiture pyramidale à 4 pentes est soutenue par une corniche à modillons, dans la même recherche d’animation du mur.
Avant-nef
On accède à l’intérieur de l’église par le portail occidental.
Une avant-église ou narthex saisit le visiteur par la puissance écrasante de son architecture : peu éclairé, relativement bas, cet espace est divisé en 3 nefs et 3 travées par des piliers énormes, maçonnés en petit appareil et couronnés d’une imposte en guise de chapiteaux.
Les arcs doubleaux sont également maçonnés en petit appareil. Certains portent encore la trace d’un décor peint sur enduit.
Les piliers reçoivent un système de voûtement ingénieux destiné à répartir la retombée des forces des voûtes sur les piliers : la nef centrale est voûtée en arêtes et les bas-côtés en berceaux transversaux qui en se contrebutant l’un l’autre réduisent la charge sur les murs.
Au bas-côté nord, la 3ème travée offre un décor peint : un damier noir et blanc dont la base laisse deviner une crucifixion inscrite dans un décor trilobé. On distingue Jésus sur la croix entouré de la Vierge et de Saint-Jean.
La chapelle Saint-Michel
On accède à la chapelle Saint-Michel ou église haute, par un escalier en colimaçon au pied de la tour sud.
L’espace reprend exactement l’organisation du narthex : les mêmes piliers massifs sont à l’aplomb de ceux du bas. Ils déterminent également 3 nefs, une nef centrale et 2 collatéraux mais qui,ici,s’élèvent à la même hauteur que les voûtes de la grande église.
Toujours dans le même souci de répartir les poussées exercées par les voûtes, le parti pris de voûtement est différent de celui du narthex : la nef centrale est couverte d’un berceau en plein cintre, les collatéraux de berceaux semi-circulaires qui s’appuient sur les murs extérieurs, contrebutant solidement la nef et permettant l’ouverture de fenêtres en plein cintre.
Le berceau de la nef centrale est scandé de 2 arcs doubleaux qui retombent sur les piles par le biais de pilastres en petit appareil. La base des voûtes et soulignée par une corniche à modillons.
La chapelle Saint-Michel ouvre sur la grande église par 3 baies : 2 fenêtres géminées soutenues par des colonnettes ouvrent sur les deux collatéraux de la grande église. De chaque côté de ces fenêtres, existent 2 portes qui donnaient chacune sur un escalier supprimé qui permettait de descendre dans les collatéraux de la grande église.
Au centre se trouve un arc triomphal en plein cintre appelé « arc de Gerlannus »en raison de l’inscription mystérieuse gravée dans un moellon côté droit qui mentionne le nom de « Gerlannus ».
L’archivolte repose de chaque côté sur des colonnes à chapiteaux de feuillage. Au-dessus des chapiteaux, un entablement carré porte un décor sculpté figuratif : deux têtes de facture primitive : un masque humain à gauche et un personnage de profil armé d’un marteau et bénissant de la main droite. Ces représentations humaines figurent parmi les premières découvertes dans les églises romanes de Bourgogne.
La nef
L’avant nef ouvre sur l’impressionnante grand nef, inondée de lumière : une nef principale percée de fenêtres hautes et deux collatéraux également percés de fenêtres diffusent à profusion une lumière qui fait chanter les pierres roses des murs et des piliers.
L’éclairage direct de la nef est très rare dans les églises romanes du 11ème siècle. A Saint-Philibert de Tournus, il est dû à un astucieux système de voûtement qui a permis une élévation des murs quasi unique au XIème siècle : les berceaux transversaux, installés sur la nef principale, éliminent les poussées sur les murs extérieurs qui peuvent ainsi être montés plus haut et percés en hauteur d’ouvertures en plein cintre.
Les voûtes d’arêtes qui couvrent les bas-côtés -également très élevés pour l’époque-, en répartissant les forces exercées sur 4 piliers, libèrent également le mur qui est également percé de fenêtres en plein cintre.
Les retombées des voûtes s’exercent, dans la nef, sur d’énormes piliers élancés qui scandent la montée vers le chœur en 5 travées et, dans les bas-côtés, sur des piliers semi-engagés dans le mur, bien visibles sur le mur sud, le mur nord ayant été démoli aux 14è.15è siècle pour construire 3 chapelles gothiques.
.
L’autre élément frappant de cette nef est son dépouillement décoratif qui est uniquement constitué des lignes et des volumes qui soulignent l’architecture.
- Les arcs doubleaux qui séparent les berceaux, portent un décor polychrome alternant les claveaux rouges et blancs.
- Sur l’intrados des grandes arcades subsiste, par endroit, un décor de frises peintes à motifs géométriques.
- les arcs doubleaux de la nef retombent, par le truchement de demi colonnes engagées, sur l’imposte qui couronne les puissants piliers maçonnés en petit appareil, semblables à ceux de l’avant nef
- Les grandes arcades retombent directement sur l’imposte des piliers.
- La conception des piliers est dans la continuité des piles du narthex, sauf que leur hauteur leur donne l’aspect de colonnes.
- Dans les bas-côtés, rien ne vient distraire le regard des lignes de force des voûtes en arêtes. Au sud, des demi-piliers engagés dans le mur extérieur reprennent ceux de la nef.
Le transept
Il interrompt la nef après la 5ème travée et offre d’emblée les signes d’un changement d’époque. Reconstruite après un second incendie et consacrée en 1120, cette partie orientale de l’abbaye porte la marque de l’architecture du 12è siècle :
-
- au petit appareil de pierres maçonnées succède la pierre de taille en calcaire blanc.
- Les formes architecturales sont plus complexes : pilier avec colonnes engagées à chapiteaux sculptés historiés et base, double archivolte moulurée etc.
- La croisée est couverte par une coupole dont le passage du plan octogonal au plan ovale se fait par le biais de 4 trompes soutenues pas des colonnettes.
- Les murs qui soutiennent la coupole sont percés sur les 4 faces d’une grande fenêtre simple encadrée d’une double archivolte sculptée que portent 4 colonnettes avec base et chapiteaux sculptés.
Le chœur
Le choeur est construit au-dessus de la crypte dont il reprend le plan, ce qui explique que le déambulatoire qui le ceinture soit plus étroit que les collatéraux qui le précèdent.
La partie droite du choeur est voûtée en berceau légèrement brisé.
Le déambulatoire est voûté en berceau dans sa partie droite et en berceau tournant renforcé de doubleaux dans l’abside.
L’abside en cul de four termine le chœur et s’ouvre sur 3 chapelles rayonnantes à fond plat, éclairées chacune par 3 fenêtres. Celle du centre conservait les reliques de Saint-Philibert avant qu’elles soient volées en 1998.
C’est dans cette partie de l’édifice que se trouvent les éléments de décor sculpté datant du 12è siècle :
- le fond de l’abside, conçu à 2 étages,offre, en bas une claire-voie d’arcades retombant sur des colonnes qui laisse voir le déambulatoire et les chapelles rayonnantes ; la partie supérieure est percées de 3 fenêtres en plein cintre dont les archivoltes portent un décor sculpté de palmettes. Elles sont séparées les une des autres par des pilastres, soit cannelés, soit couvert de rinceaux de feuillages ou d’un décor de fleur stylisées, et sont eux-mêmes flanqués de 2 colonnettes.
- Des fouilles réalisées en 2000-2002 ont permis de dégager une partie du sol du déambulatoire et de découvrir un pavement de tesselles représentant les signes du zodiaque et les travaux des champs.
Notre Dame la Brune
La statue de Notre Dame la Brune, en bois doré, représente la Vierge Marie qui tient l’Enfant Jésus sur ses genoux et le présente au monde ; le hiératisme de l’attitude, l’absence de tout sentiment maternel, la représentation de l’enfant comme un homme en miniature, la rigidité des plis du vêtement témoignent à la fois d’un archaïsme dans la technique et de caractères propres au style auvergnat, mais confère à cette statue une puissance et une dignité qui impressionnent.
Elle a certainement été rapportée par les moines lors de leur séjour en Auvergne à Saint-Pourçain sur Sioule au Xè siècle.
le grand orgue
Le buffet de l’orgue accroché au revers de la chapelle Saint-Michel est une œuvre du début du 17ème siècle réalisée par Jean de Herville facteur à Troyes. Il est accroché « en nid d’hirondelle » au revers de la chapelle Saint-Michel et cache complètement la console qui est encorbellement. Réalisée en bois, la cuve, ornée d’anges, semble reposer sur un cul-de-lampe porté par un Hercule. Au sommet, encore des anges et des grotesques. La dernière restauration, due à Jean Deloye d’Audelange (39),date de 1990.
La crypte
Le plan de la crypte reprend exactement celui du chœur : une abside semi-circulaire ceinturée d’un déambulatoire qui comporte 3 chapelles rayonnantes à fond plat. Cinq baies mettent en relation le déambulatoire avec le centre de la crypte.
Construite sur un terrain en légère déclivité, elle n’est pas totalement enterrée et 3 fenêtres l’éclairent entre les chapelles.
Les murs épais sont construits en appareil de pierres « tout venant », jetées dans un mortier grossier. On distingue très bien la trace des planches qui servaient de coffrage.
La partie centrale est divisée en 3 par 8 colonnes certainement de ré-emploi pour plusieurs d’entre elles, (2 d’entre elles qui sont galbées, sont d’origine romaine)qui portent des chapiteaux sculptés de type corinthien, typiques du 1er art roman.
Ces colonnes soutiennent des voûtes d’arêtes. Au fond de la nef centrale, à l’ouest, une sorte de cella entourée de deux colonnes courtes sur une base très élevée et un puits profond laissent supposer que se trouvait là le centre du sanctuaire et que peut-être y étaient abritées les reliques de Saint-Valérien.
FOCUS
textes parus dans « Tournus abbaye Saint Philibert » publié par la paroisse Saint Philibert en 2005.
le mobilier du choeur
A l’occasion du passage à l’an 2000, la paroisse a décidé de changer le mobilier du choeur et a pour cela fait appel au maître-orfèvre Goudji, qui a également réalisé celui de la cathédrale de Chartres.
L’autel lumineux, en pierre à peine dorée, occupe la position centrale. Sa table carrée renoue avec la tradition antique.
Les sièges hiératiques allient sobrement le fer et la pierre. Le dossier de celui du célébrant est orné des armes de l’abbaye où la clé de Saint Pierre est défendue par l’épée séculière.
L’autel est couronné de lumière par un lustre de fer forgé de structure octogonale. A son sommet, la lanterne évoque la forme du grand clocher qui la domine. Suspendue dans le même axe, la colombe en argent nous rappelle qu’ici descend l’esprit.
Sur la croix dressée, les bras largement ouverts, culmine un Christ triomphant, d’inspiration médiévale.
les vitraux
Les verrières primitives ayant été victimes au XVI ème siècle des guerres de religion et celles du XIX ème des destructions de 1944, plusieurs tentatives de remplacement furent vivement contestées. Les vitraux des 3 chapelles gothiques ont été réalisés en 1956 par MM. Choutet et Méringot.

Les vitraux du choeur sont de Brigitte Simon (1964-1967)
les mosaïques
Des travaux entrepris en 2000-2001 ont permis la mise à jour d’un exceptionnel décor de mosaïques qui était recouvert de dalles depuis le XVIII ème siècle. Il s’agit d’une partie d’un zodiaque qui se déroulait autour de l’abside.
Sa restauration en 2002 a mis en valeur 4 médaillons représentant l’alternance des signes du zodiaque et des travaux des mois.

La variété du décor de chacun des cercles, la vie qui anime les personnages (cavalier dont le manteau flotte au vent, faucheur penché sur son labeur) en font un exemple rare en France de l’art des mosaïques de l’époque romane. On pense que l’on peut dater du XIIème siècle cet ensemble qui serait donc contemporain des grands zodiaques qui encadrent les tympans d’Autun et de Vezelay, proclamant la toute puissance de Dieu, maître du temps et des saisons, le « Chronocrator ».
les chapelles gothiques
Au flanc nord de l’église ont été ajoutées 3 chapelles gothiques, oratoires de familles nobles.
La voûte à croisée d’ogives s’y substitue à la voûte d’arêtes du collatéral voisin.
La chapelle proche du transept, dite « des âmes du purgatoire », du début du XV ème siècle, est dûe à un abbé de Tournus, Louis de La Palu.
La dernière chapelle à l’ouest, du XIV ème siècle, était celle des Berzé, noble famille du Mâconnais. Elle était entièrement peinte, en particulier d’un Jugement dernier sur le mur ouest. Une belle clef de voûte montre le visage du Christ entouré de roses.
Dans le collatéral sud se trouve la chapelle de Notre Dame la Brune. Hugues de Fitigny, abbé de Tournus au XV ème siècle, fit préparer une niche funéraire à fond plat, creusée en forme d’enfeu, destinée à recevoir son tombeau. Elle est ornée d’une fresque rappelant sa mort, ses funérailles et sa présentation au tribunal de Dieu. L’abbé y est représenté à genoux devant le Christ et la Vierge qu’il implore. La sépulture, détruite en 1562 lors des guerres de religion, a cédé la place à un autel en pierre de Préty érigé au XVIII ème siècle par le cardinal de Fleury.
le chauffoir
Il a été aménagé en musée lapidaire rassemblant des éléments provenant du cloître et du clocher de façade restauré.
Au centre sont rassemblés des chapiteaux provenant en majorité des parties détruites du cloître, et qui illustrent des scènes bibliques ( la Création, le Paradis terrestre, Daniel dans la fosse aux lions) ou des épisodes de la vie du Christ (annonce aux bergers, adoration des mages, résurrection de Lazarre, etc).
On observe contre le mur nord des chapiteaux aux têtes démoniaques ainsi que les statues des Saints patrons, Philibert et Valérien).
De part et d’autre de la porte ouvrant sur le cloître, les grandes statues-colonnes de moines en méditation veillaient aux angles du dernier étage du clocher.
Au-dessus de la porte, un animal fabuleux sculpté en bas-relief représente le Léviathan.
Contre le mur ouest sont déposées deux bornes aux armes de l’abbaye, la crosse et l’épée, qui servaient à limiter les possessions territoriales du monastère.
Un trou dans la voûte permettait d’évacuer la fumée de l’unique foyer.
Le cloître
Une vidéo est consacrée à l’évolution de la cour du cloître
Jardin clos au centre du monastère, le cloître groupe autour de lui tous les bâtiments conventuels. Au centre un puits,symbole du Christ, source de vie.
Des quatre travées qui l’entouraient, seule subsiste celle qui est accolée à l’église. Purement romane avec ses voûtes d’arêtes et ses chapiteaux à entrelacs et feuillages, elle appartient à la 1ère moitié du XI ème siècle, l’abbé Ardain ayant été enterré là en 1056.
La travée orientale a été remaniée au XIII ème siècle lors de la reconstruction du cloître; elle est voûtée en croisée d’ogive.
Les archivoltes de la porte qui ouvre sur le collatéral de l’église reposent sur des colonnes dont les chapiteaux conservent des traces de polychromie.
Les autres travées ont été englobées au XVII ème siècle dans les bâtiments. A l’opposé de l’église, se trouvait la maîtrise où logeaient 6 enfants de choeur sous la direction du chantre. C’est actuellement la bibliothèque municipale.
A l’est, la démolition des autres logements au milieu du XX ème siècle a permis de retrouver les fenêtres de la salle capitulaire, celles de l’époque romane qui sont emmurées et celles de l’époque gothique dont les voussures conservent le plein cintre par souci d’harmonie.
La salle capitulaire
Située au sud du transept de l’église, c’est une construction gothique due à l’abbé Bérard en 1239. Les moines s’y réunissaient sous la présidence de l’abbé pour écouter des chapitres de la règle monastique et délibérer sur les affaires de la communauté. A l’intérieur, 3 nefs de 3 travées sont couvertes de voûtes sur croisée d’ogives qui retombent sur 4 colonnes centrales coiffées de chapiteaux à décor végétal.
Dans la travée centrale de l’est la clef de voûte, sous laquelle se plaçait l’abbé, contient dans une rosace le Christ vu à mi-corps, la tête dans un nimbe crucifère.
le logis abbatial
Lorsque les abbés ne suivirent plus les règles de la vie monastique, ils se bâtirent des logis indépendants. C’est ainsi que l’abbé Jean de Toulonjon construisit, entre 1471 et 1498, pour en faire sa résidence, cet édifice de l’époque gothique flamboyante qui présente 2 galeries superposées avec meneaux et arcs en accolade.
Une tourelle octogonale abrite un escalier tournant qui dessert les étages.
Vendu comme bien national à la Révolution, il devint une des premières manufactures de couvertures. C’est aujourd’hui une propriété privée.
travaux de restauration 1987