Paul Robin : les industries disparues
bulletin de la SAAST 1963
Parmi les industries anciennes, on peut citer encore le commerce des écailles d’ablettes, qui avait pour débouché une fabrique chalonnaise de perles artificielles.
Je ne voudrais pas omettre de mentionner encore une industrie très clandestine, celle de la fabrication d’allumettes de contrebande. Elle apportait, accessoirement, une source de revenus à une portion peu recommandable de la population. ..sans parler de quelques mois de prison.
Parmi les industries qui existaient encore en 1900, nous parlerons d’abord de la fabrication des chapeaux de feutre qui occupait autrefois deux ateliers. Pendant notre enfance nous avons joué dans les locaux de l’un d’entre eux et vu sortir les derniers chapeaux portant le nom de notre ville.
Les chantiers de tailleurs de pierre étaient jadis florissants. Ils étaient alimentés par de nombreuses carrières de pierre de taille qui creusent les sommets des collines dominant Tournus à l’ouest. Le Roy Guillaume, la Croix Léonard, la Garenne, ainsi que Lacrost sur la rive gauche, fournissaient de l’excellente pierre de taille. Celles de Préty, dont la belle pierre a servi à construire Saint Philibert, étaient déjà abandonnées. L’importance de ces chantiers était telle que, vers le milieu du XVIII ème siècle, un combat célèbre dans les annales du compagnonnage opposa deux groupes de compagnons appartenant à des obédiences différentes.
L’activité de ces chantiers diminua progressivement, puis cessa avec l’épuisement des bancs de belle pierre. Une carrière a été remise en exploitation pour fournir de la pierre d’empierrement.
A cette occasion, nous pouvons rappeler les « prestations » que chaque citoyen devait fournir : journées de travail, qui pouvaient être soit effectuées réellement, soit rachetées.
Le travail de la pierre a suscité à Tournus l’éclosion de nombreuses vocations de sculpteurs de talent comme Rougelet à qui l’on doit la statue de Greuze, J .B Deschamps, Curillon, Mathivet.
La pêche était l’activité principale des habitants du quartier de la Pêcherie. On y trouvait des pêcheurs professionnels qui vivaient du produit de leur pêche et qui n’exerçaient pas d’autre métier . Il était alors très facile de se procurer du poisson.
Avenue Gambetta se trouvait une soudière qui fut rachetée par les Etablissements Solvay. En fin de carrière, son rôle se bornait à faire cristalliser le carbonate de soude anhydre obtenu par le nouveau procédé, et à offrir aux ménagères les « cristaux » qui, à l’époque, étaient le seul détersif connu.
Deux potiers, dont l’un était également installé avenue Gambetta, façonnaient la vaisselle de terre cuite qui était couramment utilisée à la campagne : assiettes, tasses, écuelles, casseroles.
Deux tuileries, l’une sur la rive gauche, au Nord de la ville, l’autre sur la rive droite au Sud, fabriquaient briques et tuiles. Un four à chaux, aujourd’hui démoli, fournissait le matériau indispensable pour la confection du mortier nécessaire à la construction. L’ autre élément, le sable, était tiré de la rivière par les « pêcheurs de sable » au moyen de pelles plates munies d’un long manche. Il était transporté dans de longues barques à fond plat qui avançaient péniblement à la rame.
Des cordiers fournissaient la région en cordes de toutes natures.
Trois métiers fonctionnaient, un sur le Pas-Fleury, deux autres sur les promenades de l’Arc et de l’ Esplanade.
Un de nos émerveillements d’enfant était de regarder travailler les scieurs de long : pour débiter une bille de bois en planches, celle-ci était élevée, horizontalement sur un support d’environ deux mètres de haut. Un homme se tenait sur la poutre, tirant un passe-partout qu’un aide maniait par le bas.
Nous avons vu disparaître également une distillerie, fabrique de liqueurs qui a joui d’une certaine célébrité régionale en préparant une Prunelle et la « Sève de Bourgogne », liqueur aux plantes aromatiques rappelant la Chartreuse.
Les noyers, très nombreux dans la campagne, et aujourd’ hui bien diminués, fournissaient des noix qui, pressées dans le moulin à huile, donnaient l ‘huile de consommation courante.
On voyait couramment, à l’automne, installés sur les trottoirs, des gens casser des noix avant de les porter au moulin. Les noyers fournissaient également un autre élément important: leur bois. Travaillé chez les ébénistes de la ville, associé au bois de « fruitiers » et aux loupes de frêne, il donnait ces belles armoires qui font encore la fierté de nos demeures.
Tournus possédait une imprimerie. Elle fut d’abord installée en ville, puis elle s’est transportée rive gauche. Elle éditait un journal hebdomadaire, le «Journal de Tournus », tribune de choix pour les polémiques locales. Sa publication a été interrompue par la guerre de 1914. Ses locaux sont actuellement occupés par l’usine Bardin.
Mais la feuille hebdomadaire ne suffisait pas aux Tournusiens pour épancher leur hargne. La chanson prolongeait l’écrit, et il nous souvient de discussions qui se sont poursuivies par des poèmes de circonstance chantés dans la rue.
Rive gauche existait également une fonderie qui a fermé ses portes vers le début du siècle. La fonderie qui s’est installée depuis à Tournus n’a aucun rapport avec elle.
Une déviation avec 2 voies a été aménagée sur la rive Est de la Saône permettant le chargement sur le quai de la Saône de marchandises, machines et outils produits par les petites fonderies, scieries, tailles de pierres etc….
usine à gaz
L’usine a été démolie en 1962.
voir vidéo sur youtube mémoire de Tournus
Bonjour,
Savez-vous ou se situait , à Tournus, la distillerie Janinet ? Je suis en outre à la recherche de documents concernant cette distillerie.
Bien cordialement,
Philippe BLAISE
je ne me rappelle plus si je vous ai répondu… Elle se trouvait rue de la tannerie.