TOURNUS, une ville dans la grande guerre
ce travail a été réalisé par le Souvenir Français, avec des photos de la collection personnelle de Alain Fauconnier.
Depuis 1910, Tournus se préparait avec ferveur à un très grand évènement : la célébration du centenaire de la bataille du 23 janvier 1814, qui lui avait valu l’honneur d’être décorée de la Légion d’honneur par l’empereur Napoléon 1er.
Tous les Tournusiens se mobilisaient, s’affairaient, sous la conduite du maire Emile Thibaudet, de son conseil municipal et du comité d’organisation. La fête promettait d’être grandiose.
Dans l’édition du 6 août 1910 du Journal local, on peut lire « Tournus, qui possède dans l’histoire une page immortelle, doit à ses enfants morts au service de la patrie, en défendant le sol natal, à ceux qui risquèrent leur vie courageusement , un peu plus que de l’oubli ».
A partir d’avril 1915, arrivée du 17ème Bataillon de Chasseurs à pied qui installe son dépôt à Tournus. L’effectif est de 10 officiers et 1650 hommes de troupes.Les hommes sont cantonnés dans les locaux des usines.
Des champs de tir et différents types de tranchées sont organisés pour leur entraînement ; du côté du Villars « au Creux des Mouilles » et à la Garenne.
La vie s’organise entre les soldats et la population : un foyer du soldat est créé au Ballon et au Passage Cadot.
Des concerts y sont donnés à la population. Les soldats aident aux travaux agricoles.
Les soldats arrivent et repartent en gare : 8 000 soldats passent par le dépôt.
Certains militaires arrivent pour être soignés; une infirmerie est installée à « l’école libre de garçons »
C’est à l’hôpital que sont soignés les plus atteints. Douze y décèdent.
Le cantonnement : délibérations du conseil municipal
LES REFUGIES
Dès le 5 août 1914, 1200 réfugiés de la région d’ Epinal arrivent par trains spéciaux.
On aménage pour eux tous les locaux disponibles : écoles communales fermées car ce sont les vacances, l’ancienne usine Blot-Galland, logements libres en ville.
Les plus fragiles (personnes âgées, malades) sont installés à la Charité et à l’hôpital. Un orphelinat de 35 enfants est envoyé en banlieue.
Très vite il faut organiser une infirmerie-nurserie pour mamans et bébés ( dans un dortoir du pensionnat de l’école libre de filles, puis dans les locaux de la cour des Cloîtres : 13 meurent dans les 6 mois dont 6 bébés.
Les Réfugiés sont les bienvenus pour aider aux travaux agricoles … mais ceux qui étaient des ouvriers plus spécialisés (typographes, ouvriers, brodeuses) préfèrent rester inoccupés à Tournus !!
En 1918 , 200 réfugiés du Nord et de la Marne, par suite de l’avancée allemande, trouvent asile à Tournus.
Le comité organisateur des accueils reçut de nombreuses lettres remerciant les Tournusiens de leur « cordiale hospitalité ». Il est vrai que tout était parfaitement organisé pour le logement à assurer, la nourriture, les repas à servir, les vêtements à procurer.
Le Bureau d’achat est au Palais de Justice où sont stockées les provisions.
Boulangers et bouchers apportent directement viande et pain aux cantines (installées dans les salles de classe, sous les préaux des écoles communales, dans les anciens locaux de l’usine Blot-Galland, à l’école libre de filles). Ce sont les vacances.
A la rentrée les cantines sont installées au Tivoli et rejoignent également les locaux de la cantine scolaire « sous la Grenette ».
Les frais médicaux et de nourriture sont pris en charge par l’état. A partir de mars 1915 les familles sans doute mieux installées reçoivent une allocation en argent.
Les écoles
Les écoles communales sont remises en état pour la rentrée scolaire.
Seule l’Ecole Primaire Supérieure (locaux de l’ancien collège) reste occupée comme Hôpital militaire temporaire.
Les élèves sont installés de 1914 à 1917 dans 3 salles du Palais de Justice.
Les enseignants mobilisés sont remplacés par du personnel intérimaire
Trois femmes sont en place à l’école primaire.
M. Trézenem, directeur de l’Ecole Primaire Supérieure, au grade de capitaine, est tué au combat en juillet 1918.
A l’école, les enfants sont incités à soutenir les soldats par des parrainages, par des collectes pour l’envoi des colis.
L’Hôpital
L’hôpital militaire temporaire occupe les salles de l’Ecole Primaire Supérieure et comprend 100 lits; il est fondé dès août 1914 et complété par deux salles de l’Hôpital civil qui comprend 50 lits.
Le docteur Chanay aidé des docteurs Bois et Paris en assure l’organisation. Grâce à l’aide de la Croix Rouge et des collectes faites auprès des Tournusiens, les soldats hospitalisés ont des vêtements appropriés. Les premiers soldats malades y meurent dès octobre 1914.
La solidarité
A l’initiative du conseil municipal dont M. Thibaudet est le maire, des crédits budgétaires sont dès la mobilisation prélevés pour aider les familles indigentes, favoriser le fonctionnement d’une cantine, fournir du travail à des ouvriers sans ressources employés à des réparations dans la ville (sur les quais et les places publiques).
Très vite des familles de mobilisés se trouvèrent également sans ressources. Un comité est créé pour assurer des repas journaliers. C’est à la Grenette, lieu de la cantine scolaire, que sont distribués jusqu’à 450 rations par jour « avec potage, viande, légumes et pain ». Tous les jours deux anciens boulangers fabriquent 300 kg de pain; farine et denrées alimentaires sont achetées en gros pour alimenter les centres de ravitaillement.
Dans ces moments où les prix des denrées ne cessaient d’augmenter, un « comité de surveillance » voulu par le conseil municipal limita les hausses du lait, des pommes de terre et du pétrole !
Les industries en guerre
La Manufacture Métallurgique perdit les ¾ de son personnel à la mobilisation. Elle aurait dû participer à l’effort de guerre.
En octobre 1914, elle reçut mission pour la fabrication d’obus, mais il n’y eut pas de suite et elle fut mise en demeure de livrer une partie de ses machines. Elle n’assura que des commandes secondaires dont de « fausses ogives » à partir de 1917. Elle occupait 150 ouvriers et ouvrières et reprit très tôt la fabrication d’articles de ménage.
La fonderie d’aluminium Lavallée se développe fin 1915 et travaille la fonte pour la fabrication de projectiles, pièces pour moteurs, chaudières et carburateurs. Elle emploie alors 150 ouvriers dont des mobilisés et des spécialistes espagnols.
L’usine Blot-Galland : la mobilisation de son directeur M. Blot début 1916 stoppe l’activité de l’entreprise.
La féculerie-glucoserie est en pleine prospérité au moment de la mobilisation. Elle reste extérieure aux services pour la guerre, mais elle profite de la hausse des prix des glucoses qu’elle fabrique à partir d’amidons de pomme de terre, de maïs et de riz. 80 personnes y sont employées.
Les pompes Noel : En juin 1918 la société « Pompes Noël » dont le siège est proche de Nancy craint une offensive allemande et installe son outillage et son matériel à Tournus après achat de la propriété de M. Kohler, sur l’emplacement du couvent des Récollets. La société assure la fabrication des obus de 75… et fin 1918 elle se reconvertit dans la fabrication des pompes !
Les soldats dans la ville (cartes postales)
vidéo : 1914-1918, Tournus, une ville dans la grande guerre – voir sur youtube mémoire de Tournus
belle coopération pour faire revivre cette petite ville loin du Front mais qui doit complètement s’organiser dans la guerre comme ville de l’arrière et dans la solidarité.